Lorsque l’on veut transmettre une information de façon efficace, il
convient d’analyser la situation de communication. Deux éléments sont
particulièrement importants : la différence de quantité d’information entre
l’émetteur et le récepteur et les conditions matérielles de la transmission.
Vous vous adressez à une personne ou à un groupe travaillant dans le même
domaine que vous ? Inutile de délayer, on vous comprendra tout de suite.
Avez-vous la personne devant vous ou l’avez-vous « au bout du fil »? Ces
diverses situations modifient non seulement la « forme », mais le contenu
de votre message. Et, dans la communication orale, cette adaptation peut et
doit être continuelle, car, à chaque instant, vous observez, vous appréciez
les réactions de votre interlocuteur; jeux de physionomie, gestes, paroles,
inflexions de la voix vous renseignent; on vous comprend ou bien on ne
vous comprend pas. A vous de passer rapidement ou, au contraire,
d’insister.
Ainsi votre effort d’adaptation au destinataire porte simultanément
sur l’information même et sur le langage.
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II.2.1. Un exposé concis, mais suffisant
Le souci d’éviter le bavardage ne fera pas tomber dans le défaut
opposé qui est la densité excessive. Dans les deux cas, on rend le message
obscur.
Or, très souvent, celui qui détient l’information se contente
d’énoncer un fait ou de décrire une situation, d’une façon très rapide, très
sèche. Il ne songe pas un instant à la difficulté pour un auditeur, même
attentif et favorablement disposé, à comprendre ce qu’on lui dit, à en saisir
toute la portée, surtout si cette information est très nouvelle pour lui, si elle
échappe à son expérience.
Il sera donc indispensable pour « faire passer » le message, non pas
de délayer, mais d’expliciter, de développer, de mettre en valeur, de donner
plus de détails.
Et si le niveau d’information est très inégal, il faut faire un véritable
effort de vulgarisation. Dans de nombreux cas, il est vrai, la communication
n’est possible qu’entre spécialistes, ou alors le message devient très pauvre.
Vous admettez très bien que votre médecin, votre électricien, votre
garagiste simplifient la réalité pour vous en donner une idée. Toutefois
certaines personnes, même très savantes, savent parfaitement intéresser un
public très large et faire comprendre des champs difficiles.
II. 2.2. Un langage bien choisi
Ce dosage de l’information véhiculée par le langage s’opère en
temps qu’une adaptation de ce dernier au destinataire et à la situation.
Il y a, à l’intérieur de chaque code, des niveaux différents : l’écrit
peut être familier (conversation entre amis) ou soutenu (exposé à l’écrit,
aussi lettre personnelle, ou note de service). Toutefois entre les divers
éléments du langage à un niveau donné, une certaine cohérence doit être
maintenue : vocabulaire, tournures de phrases, façon d’articuler font partie
d’un ensemble, sont « assortis », pour ainsi dire.
Ce qui est souhaitable, c’est de maîtriser plusieurs façons de
s’exprimer; par exemple, de posséder des « registres » assez divers pour que
ce ne soit pas le terme familier ou argotique qui vous vienne aux lèvres en
toute occasion – et seulement celui-là -, alors même que vous le sentez
déplacé.
Mais, si vous choisissez de rester familier par anticonformisme, ce
sera alors en toute connaissance de cause, non par ignorance et manque de
moyens « langagiers ».
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Rappelons ici simplement deux exigences qui paraissent
fondamentales dans la transmission de l’information :
a) construisez des phrases simples, assez courtes. Ainsi vous ne
perdrez pas le fil, vous arriverez à boucler votre phrase sans peine,
mais surtout vous n’égarerez pas votre interlocuteur;
b) ne lancez pas, par pédantisme ou par inadvertance, des mots
difficiles, techniques ou abstraits. Si ce vocabulaire est
indispensable, alors songez à le définir.
II. 2.3. Un exemple
Dans une longue côte ensoleillée, un automobiliste, qui s’était
arrêté un instant pour contempler le panorama ne peut remettre en route son
moteur. Après une demi-heure d’énervement et d’inquiétude, il réussit à
démarrer et, de retour dans la vallée, il décrit au garagiste la panne : «
J’avais de l’essence, les bougies en état, le circuit électrique fonctionnait.
Que s’est-il passé ? » Le professionnel répond « Ne vous inquiétez pas :
c’est le vapor-lock ». Tête interrogative du client. Le garagiste explique : «
Quand le moteur chauffe trop, la pression de la vapeur d’essence dans les
tuyauteries du carburateur devient trop forte, l’essence n’arrive plus. Mors,
vous calez. »
Cette anecdote contient deux types d’information: