Les variations de couleur des téguments peuvent être divisées en
deux catégories, selon qu’elles résultent d’un facteur vasculo-sanguin (pâleur, rougeur, cyanose), ou d’une pigmentation (ictère, xanthodermie, colorations bronzées ou grisâtres).
III.1.1. Pâleur
La pâleur peut apparaitre de façon brusque et passagère à la suite
d’une hémorragie, d’une défaillance cardiaque (syncope) ou de troubles vaso-moteurs (émotion, migraine).
Une pâleur durable s’observe dans les anémies, mais aussi chez certains sujets à peau épaisse, ou peu vascularisée (fausses anémies) : d’où l’intérêt de rechercher si la pâleur des téguments coïncide avec celle des muqueuses (conjonctives palpéb rales et voile du palais) et la nécessité de l’examen hématologique pour établir le diagnostique d’anémie à coup sûr.
Un examen attentif montre que la pâleur comporte des nuances. Certains cancéreux, certains malades atteints d’anémie pernicieuse présentent un teint jaune paille. La chlorose a du son nom à un reflet verdâtre caractéristique.
III.1.2. Rougeur
La rougeur émotive est le type des rougeurs fugaces, dues à une
vasodilatation cutanée, une rougeur plus durable, également d’origine vasculaire s’observe dans beaucoup d’affections fébriles.
Un état de rougeur chronique (érythrose) caractérise le visage
illuminé des patients atteints de la maladie de Vaquez.
III.1.3. Cyanose
La cyanose est une coloration bleuâtre des téguments due à la
présence dans le sang d’un excès d’hémoglobine réduite. Elle peut être généralisée ou localisée ; généralisée, elle demeure particulièrement nette au niveau des lèvres, du nez, des pommettes, des oreilles ainsi qu’aux extrémités des membres.
1) Cyanose généralisées
Celles-ci peuvent être d’origine respiratoire ou cardiaque : Cette
cyanose respiratoire peut résulter d’une sténose des voies respiratoire (laryngite diphtérique, laryngospasme, tumeur médiastinale).
La cyanose cardiaque peut être la conséquence d’une lésion
congénitale (sténose pulmonaire : maladie bleue) ou acquise (sténose mitrale, décompensation).
On peut signaler les pseudo-cyanoses, observées dans les
intoxications qui entrainent la production de méthémoglobine (aniline, chlorate de potasse, sulfamidés) ou sulfhémoglobine (sulfona). 2) Cyanoses localisées
Elles sont dues à une stase locale. Elles peuvent être causées :
▷ Par des troubles vaso-moteurs (acrocyanose, crises d’asphyxie locale du syndrome de Raynaud) ;
▷ Par un obstacle à la circulation veineuse de retour (thrombose, compression).
III.1.4. Ictère
L’ictère est une coloration jaunâtre de la peau et des muqueuses due
à une rétention de pigments biliaires.
Lorsqu’il est peu prononcé (subictère), c’est aux conjonctives qu’il est le mieux visible.
L’appréciation de la teinte de la peau doit se faire à la lumière du
jour : l’ictère peut être méconnu à la lumière artificielle.
Suivant la tonalité de la pigmentation on peut distinguer avec Brugsch :
▷ Des ictères rouges (Rubinikterus), à reflet rouge brun masqués presqu’ entièrement par la lumière artificielle ; dus à une résorption de bilirubine pure, ils seraient caractéristiques des hépatites ;
▷ Des ictères verts (Verdinikterus), à reflet vert, paraissant noirs à la lumière artificielle, ils seraient dus à la résorption de la bile riche en biliverdine, stagnant dans les voies biliaires obstruées ;
▷ Des ictères jaunes (Flavinikterus), observés dans les ictères hémolytiques ( hyperbilirubinémie modérée avec anémie) ;
▷ Des ictères noirs (Melasikterus), constaté à la période cachectique de certains ictères, mécaniques, surtout par cancer du pancréas (formation de mélanine au niveau de la peau).
A coté des cas typiques, qui peuvent être rangés sans difficultés dans
une de tonalité suffisamment caractéristique.
III.1.5. Autres colorations jaunes pathologiques
Toutes les colorations jaunes de la peau ne sont pas ictères :
été souvent provoqué surtout en temps de guerre, dans un but de simulation.
III.1.6. Colorations bronzées et grisâtres.
En dehors de la pigmentation physiologique due aux rayons solaires,
il existe de nombreux types de pigmentations pathologiques ou artificielles. Ces pigmentations peuvent être plus ou moins diffuses, ou localisées.
1) Pigmentation diffuse.
Celle-ci comprend :
un symptôme important de l’arsenicisme chronique.
2) Pigmentation localisée.
Mentionnons brièvement :
III.2. Eruptions cutanées
Il s’agit soit des taches (rougeur ou purpura) soit d’éléments figurés (
vésicules, phlyctènes…) qui apparaissent sur la peau. Nous ne nous occuperons ici que de quelques manifestations typiques de constatation courante dans diverses maladies internes.
III.2.1.Roséoles
Les roséoles sont de petites taches roses, arrondies, qui disparaissent
lorsqu’on a l’anémie, ou en tendant la peau, ou en la comprimant par vitro-pression. Elles sont dues à une dilatation localisée des vaisseaux du derme.
Elles constituent le symptôme principal de certaines maladies
éruptives (rougeole, rubéole) , mais s’observent aussi :
▷ A la période secondaire de la syphilis,
▷ Au cours de la fièvre typhoïde : leur présence sur l’abdomen à partir du second septénaire, est un signe clinique important,
▷ Dans certaines septicémies,
▷ Dans certains cas d’intolérance médicamenteuse (sulfathiazol).
III.2.2.Erythèmes scarlatiniformes
L’érythème scarlatiniforme est constitué par de larges placards
rouges écarlates, rugueux au toucher.
Il représente le symptôme fondamental de la scarlatine (d’où son nom). Mais on le trouve dans de multiples autres cas :
▷ Erythèmes médicamenteux, causés surtout par les arsenicaux et les barbituriques, mais aussi par une foule d’autres produits,
▷ Erythèmes sériques, surviennent après l’injection de sérum de cheval,
▷ Erythème infectieux, surtout au cours des septicémies streptococciques,
▷ Erythèmes scarlatiniforme récidivant de Besnier.
III.2.3.Urticaire
L’urticaire est caractérisée par l’apparition d’élevures analogues à celles que produit la piqure d’une ortie. Au centre, les plaques d’urticaires sont roses au pourtour et très prurigineuses. Fréquente chez les petits insuffisants hépatiques, l’urticaire peut être due à une intolérance alimentaire ou médicamenteuse, à une affection parasitaire (kystes hydatiques, vers intestinaux) ; dans d’autres cas, elle apparait sous l’influence de froid, de l’effort ou de l’émotion.