Ce que nous envisageons maintenant, ce n’est ni la simple réplique
au cours d’une conversation ni de l’exposé d’une certaine étendue que nous
aborderons dans la partie consacrée à l’exposé préparé. Nous parlons de
l’intervention non préparée que l’on est amené à faire à l’improviste. Il faut,
par exemple, donner une information un peu développée, décrire un
processus, fournir une explication assez circonstanciée, développer un point
de vue. On va devoir s’exprimer pendant quelques minutes. Même une
improvisation de trois minutes paraît déjà longue si l’on n’est pas aguerri!
Avec un peu d’entraînement, on réussira à maîtriser assez vite la
technique de telles interventions.
III.2. A. AVANT DE COMMENCER
Accordez quelques secondes à la réflexion:
- fixez-vous un objectif (qu’est-ce que je veux dire ?); déterminez en
quelque sorte votre idée de manœuvre. Non seulement vos idées seront
plus nettes, mais en plus vous gagnerez de la confiance en vous parce
que vous aurez effectué un choix tactique;
- précisez dans votre tête le point d’où vous allezpartir et celui auquel
vous voulez arriver. N’oubliez pas qu’une des difficultés de
l’improvisation, c’est le démarrage et le bouclage de votre intervention.
Ces deux moments doivent être très fermes et très clairs. Si vous ne
bredouillez pas au départ, si vous terminez sur une formule bien assise,
vous donnez déjà une impression favorable;
- essayez aussi de prévoir les deux ou trois parties ou articulations de
votre « discours », autrement dit mettez de l’ordre dans votre
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intervention, ayez à l’esprit un plan simple. Des structures modestes,
comme l’addition, le regroupement par catégories, l’opposition ou le
mouvement Linéaire, peuvent être utilisées aisément. Écoutez les
hommes politiques dans les débats ou les conférences de presse : vous
constaterez qu’ils font souvent appel à ces plans pour organiser leurs
réponses et qu’ils se montrent ainsi habiles ou éloquents.
Si vous en avez le temps, en attendant par exemple votre tour
de parole, jetez sur un petit bout de papier les deux ou trois mots-clés qui
esquisseront votre plan et vous éviteront de connaître les affres du «
trou» de mémoire, notamment lorsque la situation de communication est
un peu éprouvante pour vous.
III.2.B. EN PARLANT
Sachez respirer pour ne pas étouffer votre voix et manifester trop
évidemment des signes d’émotion qui dévaluent toujours un peu un «
discours ». Inspirez lentement à la fin d’une phrase, d’une partie de
l’exposé. Entraînez-vous à respirer avec l’abdomen, et pas seulement
avec le haut du buste. Attention aux respirations trop fortes et
bruyantes, amplifiées par le micro…
Concentrez-vous sur la démarche que vous suivez; tenez compte des
réactions de votre auditoire, mais sans vous laisser aller à des
digressions, sans perdre votre fil directeur.
Gardez-vous de retours en arrière fréquents.
Variez le rythme et l’intensité de votre voix.
S’il faut marquer quelques arrêts très brefs et ne pas précipiter le débit,
il convient aussi d’éviter les silences trop longs, marques d’embarras
dont un autre interlocuteur peut profiter pour vous enlever la parole.
Marquez nettement que vous en avez terminé, par une phrase assurée,
une formule conclusive, et par le ton de votre voix.
III.2.C. LES LECONS DE VOS EXPERIENCES
Si vous n’êtes pas satisfait de votre prestation, analysez ce qui n’a pas
marché, reconnaissez ce qu’il aurait fallu dire autrement. Peu à peu,
vous progresserez, soyez-en certain.
Réfléchissez aussi aux procédés et à la méthode de ceux qui, autour de
vous, vous semblent réussir des interventions efficaces et on apprend
beaucoup par imitation comme vous le démontre les peintres débutants
qui s’astreignent à réaliser des copies de tableaux de grands maîtres.