III.5. LE RESUME ET LA SYNTHESE

III.5.1. LE RESUME
III.5.1.1. Qu’est-ce que résumer? Qu’est-ce qu’un résumé?
Résumer, dit Littré, «c’est resserrer en peu de paroles ce qui a été
dit ou écrit longuement». Définition qui n’est pas sans équivoque, car elle
semble mettre l’accent sur le fait de condenser ou de «contracter». Or il ne
s’agit pas de réduire pour réduire, mais d’éliminer l’accessoire pour ne
retenir que l’essentiel. C’est ce qu’exprime sans ambiguïté, le verbe réfléchi
«se résumer», que le Petit Larousse traduit avec justesse par : consister
essentiellement.
Le résumé de texte, nommé souvent et improprement contraction,
n’est donc pas le résultat mécanique d’une compression, mais le produit
d’une opération active de l’intelligence ayant pour but de dégager des
détails, ce qui est fondamental. Et c’est bien ce que signifie l’expression
«en résumé».
Mais le résumé ne doit pas être confondu avec la synthèse. Celleci est une analyse qui porte sur deux ou plusieurs textes au lieu d’un, et elle
n’a pas pour fin de faire le relevé des idées principales de chacun de ces
textes. Mais le résumé a bien elle pour but d’aboutir à une synthèse, d’un
seul et même texte. La synthèse n’a pas moins d’importants points avec le
résumé. Elle demande une large culture, de la pénétration d’esprit et de la
rigueur : elle exige des grandes qualités d’expression.
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III.5.1.2. Résumé et texte – analyse et synthèse
Pour bien résumer un texte, on se rappellera, en premier lieu, qu’il
a été composé, qu’il a une structure. Car, pour mettre les choses en mots, il
faut d’abord les mettre en idées par le double procédé rationnel qui définit
l’analyse et la synthèse. C’est ce qu’a fait l’auteur. Il a établi un ordre dans
ses pensées en exposant les faits et les idées et en les organisant de façon
qu’ils forment un tout. C’est cette démarche et ce plan que le lecteur doit
retrouver en décomposant, le texte, en distinguant successivement les
éléments constitutifs de1’ensemble, et c’est en quoi consiste l’analyse. Il
devra ensuite comprendre cet ensemble, C’est- à -dire le recomposer en les
articulant logiquement entre eux pour en ressaisir l’unité, et c’est en quoi
consiste la synthèse.
En fait, analyse et synthèse sont solidaires, ou plutôt corrélatives.
Elles ne se conçoivent ni ne s’exercent l’une sans l’autre.
III.5.1.3. Les qualités révélées par un bon résumé
Le résumé doit révéler la culture et l’intelligence du candidat. Les
deux choses sont liées, car l’intelligence ne s’exerce pas et ne se développe
pas à vide. Les candidats ont à prouver qu’ils savent réfléchir, qu’ils
possèdent du jugement. L’analyse est destinée à permettre au candidat de
montrer son aptitude à comprendre la pensée de l’auteur et à dégager ses
idées ».

  • CE QUE DOIT ÊTRE UN RÉSUMÉ
    Le résumé est finalement la construction d’un équivalent économique du
    texte. Il s’agit donc de façon aussi concise que possible, d’en établir un
    compte rendu exact qui devra en faire ressortir la structure fondamentale. Il
    conviendra de :
  1. Dégager :
  • la ou les idées directrices ;
  • les idées secondaires — ce qui ne veut pas dire accessoires — en en
    marquant le lien avec les idées principales;
  1. supprimer les détails anecdotiques ou descriptifs, et même les exemples
    purement illustratifs si l’idée abstraite qu’ils mettent en lumière est
    suffisamment claire en elle-même.
    III.5.1.4. La méthode du résumé
    Le plan de travail en vue du résumé à effectuer comprend trois
    phases principales : la lecture et l’étude du texte, l’analyse et le relevé des
    idées, la détermination du plan suivi par l’auteur.
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  • la lecture et l’étude du texte
    Pour les textes courts ou de longueur moyenne, deux lectures
    s’imposent,
  1. Une première lecture, globale, a pour objet d’acquérir une bonne vision
    d’ensemble du texte et de le comprendre dans les grandes lignes, ce qui
    facilitera beaucoup le travail ultérieur.
    Au cours de ce contact initial, on s’efforcera de suivre le mouvement du
    texte, condition de la compréhension. On lira en s’ouvrant à la pensée de
    l’auteur et en se modelant sur les idées qu’il exprime. Il n’est toutefois pas
    défendu, dans cette lecture cursive, de cocher déjà au crayon dans la marge
    les passages qui, à première vue, vous paraissent importants, ce qui a aussi
    pour avantage de bien fixer l’attention. Ce sont là les préliminaires de
    l’analyse systématique du texte.
    Cependant l’étudiant devra se garder d’être prisonnier de ces impressions
    premières et de ces jugements spontanés, et il arrivera que la seconde
    lecture les modifie sensiblement. Mais il est bon que l’activité de l’esprit
    reste constante et que la lecture initiale ne soit pas un parcours superficiel,
    comme la pratique du journal quotidien nous y accoutume.
  2. Cette seconde lecture, qui inaugure l’étude véritable du texte, consiste
    a) d’une part, à souligner les mots-clés ou mots forts et les expressions
    caractéristiques qui expriment les idées principales. Ces mots-clés, on les
    reconnaît à ceci que l’idée qu’ils expriment est centrale dans l’analyse et
    qu’elle devra obligatoirement être exprimée dans le résumé.
    b) d’autre part, à encadrer les mots-outils ou termes de liaison et les
    expressions, parfois les membres de phrase, qui marquent les liaisons et les
    transitions. On voit que, sous le terme courant d’analyse, on comprendra les
    deux opérations que nous avons distinguées, l’analyse proprement dite qui
    relève les idées principales et la synthèse qui les relie.
    c)l’étude procédera paragraphe par paragraphe. L’unité de pensée n’est pas
    la phrase mais leparagraphe.
  • Le plan du résumé
    Si le plan du texte est bien la base du résumé, il ne s’ensuit pas que celui-ci
    se déduise automatiquement de celui-là.
    En un sens, le résumé est une recréation : «Il faut toujours repenser le
    texte».
    Qu’est-ce à dire? Repenser ou recréer le texte, sans pour autant l’altérer,
    c’est faire la preuve à la fois qu’on a bien compris le fond de la pensée de
    l’auteur et qu’on a su la dégager du détail. C’est aussi, puisque comprendre
    c’est embrasser l’ensemble, montrer qu’on a saisi la démarche et
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    l’enchaînement des idées. C’est le même texte et c’est un autre texte, qui,
    par l’économie réalisée, fait ressortir l’idée générale avec le plus de netteté
    possible.
    Grande clarté. Ce plan, qui servira de guide dans la rédaction, ne devra
    jamais, au cours de celle-ci, être perdu de vue. Ainsi l’on se préservera
    d’oublier des éléments essentiels.
    III.5.1.5. La rédaction du résumé
    Quelles sont les qualités majeures d’un résumé? Il doit satisfaire à
    trois exigences : être clair, être fidèle, être bref.
    III.5.1.5.A. Être clair
    La clarté dépend de la propriété des termes mais aussi et surtout
    de l’organisation des idées, qu’il s’agisse d’exposition ou d’argumentation,
    et c’est ce qu’on appelle la composition.
    En quoi consiste-t-elle dans l’exercice du résumé?
    Le tri indispensable effectué, il s’agit de construire les paragraphes.
    La mise en paragraphe est donc une opération qui demande à la fois rigueur
    et finesse. Un texte ne se résume pas paragraphe par paragraphe. Répétons
    que les alinéas du résumé ne correspondront que rarement aux alinéas du
    texte. Il est donc nécessaire de construire de nouveaux touts, c’est-à-dire
    des paragraphes ayant leur unité propre.
    Le paragraphe étant le développement d’une idée et d’une seule, on devra
    donc aller à la ligne toutes les fois qu’on passe d’une idée importante à une
    autre. La première phrase de chaque paragraphe marquera la
    transition, c’est-à-dire rappellera la conclusion du précédent et annoncera
    l’analyse de l’idée suivante.
    Le Résumé efficace est donc celui qui veille toujours à l’ordre et à
    l’enchaînement des idées secondaires aux principales et, éventuellement, à
    la bonne utilisation des exemples.
  1. Faut-il supprimer les exemples?
    Sauf s’ils sont indispensables pour éclairer l’acception d’un terme abstrait,
    il n’y a généralement pas d’inconvénient à ne pas retenir ceux qui n’ont
    qu’une valeur illustrative. En revanche, pour les exemples représentatifs
    d’une idée essentielle, dont la généralisation aura valeur de preuve, il
    convient d’en garder au moins un, le plus significatif.
    La qualité première du résumé est donc sa clarté, mais celle-ci ne s’obtient
    pas seulement par la propriété des termes, certes indispensable, elle est
    aussi et surtout le fruit d’une composition rigoureuse.
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  2. Une introduction et une conclusion sont-elles nécessaires?
    Sur ce point, les rapports sont quelque peu divergents. Certains
    correcteurs jugent l’introduction indispensable ; d’autres, qu’elle est inutile.
    Si le libellé du sujet le prescrit, il faut, bien sûr, obéir à sa consigne. Sinon,
    il conviendra de s’en abstenir.
  3. Faut-il donner un titre au résumé?
    Certaines Écoles le prescrivent. Pour les autres, sauf avis
    contraire, c’est peut-être la meilleure manière de se passer d’une
    introduction. Mais le titre, à lui seul, donne l’assurance au lecteur que le
    sens général du texte a été saisi.
    Un bon titre est un résumé du résumé
    III.5.1.5.B. -Être fidèle
    La fidélité au texte, selon certains rapports, est la règle première.
    Elle peut aussi être considérée comme la résultante de la recherche
    méthodique de la clarté, telle qu’elle vient d’être définie.
    Il va de soi qu’il faut d’abord éviter les distorsions, c’est-à-dire
    toutes les déformations du sens réel du texte, les faux sens et les contresens.
    Mais on se gardera également d’exprimer aussi bien des opinions
    favorables que défavorables au texte. Cet impératif d’objectivité est souvent
    rappelé avec l’énoncé du sujet : «S’abstenir rigoureusement de tout
    commentaire personnel sur les idées de l’auteur. »
    III.5.1.5.C. -Être bref
    Le résumé ne doit pas être trop court. Sinon, il devient à la fois le
    signe d’une compréhension insuffisante et d’une indigence de l’expression.
    III.5.1.6. Règles de la rédaction
  4. Le résumé devant être d’une lecture aisée et d’une intelligibilité totale.
  5. On rétablira les mots-outils de valeur logique si, par élégance, ils ne
    sont que suggérés dans le texte. Si c’est utile et si cela ajoute à la
    clarté, on forcera sur les articulations, car ce n’est pas nuire mais au
    contraire contribuer à l’objectivité.
  6. On marquera nettement la ponctuation, en ajoutant au besoin et pour la
    même raison, plus que ne l’a fait l’auteur, virgules et points-virgules.
  7. On s’interdira les allusions comme les références non indispensables.
    Le résumé doit former un tout et se suffire.
  8. On évitera aussi bien le résumé tout d’une pièce, avec des paragraphes
    massifs, que sa fragmentation en alinéas de quelques lignes. Il est
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    rappelé que le paragraphe est l’unité de composition et que le critère de
    la rédaction peut se formuler : un paragraphe par idée et une idée
    par paragraphe.
  9. On cherchera à la fois la précision et la concision, qualités
    apparemment contradictoires. Etre précis conduit à faire long, être
    concis à faire court.